Les idées reçues sur l'endométriose

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Malgré sa récente notoriété, c’est une maladie encore très méconnue.
Peut-être parce qu’elle nous parle de règles et de douleurs menstruelles et
que celles-ci ne sont toujours pas prises au sérieux encore aujourd’hui.

Je sais à quel point on peut se sentir désemparée face au manque d’informations et se sentir dépossédée de son corps, de ses choix. Dans cet article je t’aide à démêler le vrai du faux concernant l’endométriose. 

L’endométriose fait souffrir uniquement pendant les règles

Non, l’endométriose ne fait pas souffrir uniquement pendant les règles.

Les douleurs liées à l’endométriose peuvent se manifester pendant l’ovulation, à l’approche des règles, pendant les rapports sexuels, après les repas, en allant aux toilettes, ou encore tout le mois ou presque.

A noter également que les douleurs ne sont pas systématiques, certaines femmes sont asymptomatiques. Dans ces cas, on découvre souvent qu’elles en sont atteintes lors d’examen de fertilité.

L’endométriose rend stérile

Non, l’endométriose n’est pas toujours causes de stérilité.

On parle plutôt de troubles de la conception ou d’hypofertilité pouvant être concomitants à une atteinte endométriosique. Certaines femmes auront des difficultés à concevoir et d’autres non. 

Mais les mécanismes en cause dans l’infertilité liée à l’endométriose sont encore flous et méconnus. Il semble néanmoins que la localisation des lésions ne soit pas incriminée. Une atteinte ovarienne ne prédit pas systématiquement une infertilité tandis qu’une endométriose profonde peut y être inversement associée. La PMA peut être une solution si tout a été tenté en amont pour une fertilité naturelle.

Plus la douleur est forte, plus l'atteinte est grave

Non, l’intensité de la douleur ne nous parle pas de la gravité de l’atteinte  

En réalité, la gravité des symptômes dépend moins de l’intensité de la douleur que des endroits où les lésions d’endométriose sont situées, ainsi que de leur taille

Une endométriose située au niveau du diaphragme, des poumons ou encore au niveau de l’appareil urinaire nécessitera une surveillance accrue. 

Aussi, il semble que l’intensité de l’inflammation soit à prendre en compte dans l’évolution ou les conséquences de la maladie.

S'il n'y a rien à l'imagerie, il n'y a pas d'endométriose

Non, une absence de diagnostic à l’imagerie, ne doit pas écarter la maladie. 

En particulier lorsqu’il s’agit d’endométriose superficielle. On peut avoir de très petites lésions, quasi inexistantes au début, invisibles à l’imagerie pour des yeux peu expérimentés.

Dans ces cas-là, la clinique doit primer, c’est-à-dire, que la description de vos symptômes et l’examen gynécologique font le diagnostic. En effet, trop peu de radiologues et de gynécologues sont encore formés pour lire les lésions d’endométriose. 

Aussi selon la nature de l’imagerie, échographie ou IRM et la localisation des lésions, l’examen ne révèlera rien et pourtant les lésions existent bel et bien. Par exemple, une endométriose superficielle ne pourra souvent être détectée que par une échographie, tandis qu’un IRM ne verra bien souvent que les formes les plus profondes. 

L'hormonothérapie soigne l'endométriose

Non l’hormonothérapie ne soigne pas l’endométriose 

En bloquant le cycle, donc les menstruations et donc la stimulation des lésions, les traitements hormonaux peuvent soulager certaines femmes.
Mais on estime que la pilule ne présente aucun effet chez un tiers des femmes symptomatiques, notamment sur les douleurs neuropathiques.

Une résistance à la progestérone peut expliquer son inefficacité chez certaines femmes.
Dans tous les cas, on ne régule pas la cause et rien ne garantit pendant ce temps que la maladie n’évolue pas, sans évoquer les effets secondaires importants.

17 à 34 % des femmes constatent un retour des douleurs à l’arrêt du traitement.

Néanmoins, il est tout à fait normal de vouloir soulager les douleurs pendant un temps avec l’aide de la chimie, pour se laisser un peu de répit.
L’idéal étant de travailler en parallèle sur l’hygiène de vie pour qu’une fois la béquille enlevée, les bonnes habitudes prises permettent de mieux vivre au quotidien

L'hystérectomie est la seule solution efficace

Non une hystérectomie (ablation de l’utérus) ne guérit pas l’endométriose !

Une hystérectomie isolée, sans exérèse des lésions d’endométriose, ne permet pas de traiter de manière efficace les douleurs. 

Le risque de persistance des symptômes est grand : parce que les lésions sont situées en dehors de l’utérus contrairement à l’adénomyose, parce que ce sont les ovaires qui fabriquent les hormones, responsables du saignement des lésions, parce que les lésions de l’endométriose fabriquent de toute façon leurs propres hormones. 

C’est pour ces raisons, qu’on retrouve de nombreux témoignages de douleurs persistantes dans le cas d’hystérectomie, en plus du traumatisme psychologique et émotionnel causé par l’intervention en elle-même.

Il n'y a aucune solution mis à part les traitements conventionnels

C’est faux ! On peut agir avec l’hygiène de vie

Des modifications dans l’hygiène de vie peuvent soulager, voire ralentir le développement de la maladie. 

En naturopathie on s’intéresse au terrain de la personne et celui-ci est évolutif. Nous avons la possibilité d’en prendre soin, à travers un travail en profondeur, au long court (moduler l’inflammation, équilibrer le système hormonal, soutenir le système immunitaire…), avec des changements de nos modes de vie et des cures spécifiques (alimentation, mouvements, équilibre émotionnel, phytothérapie, micronutrition…) mais également avec des soins transversaux comme la kinésithérapie, la fasciathérapie, le massage, l’ostéopathie, la psychothérapie…. 

La prise en charge de l’endométriose est complexe et relève de la multidisciplinarité.

Que vous pensiez souffrir d’endométriose ou que vous ayez été diagnostiquée, autorisez-vous à poser des questions. Exigez une écoute attentive et des réponses et si vous ne les recevez pas, allez consulter un autre professionnel avec qui il sera possible de dialoguer. Prenez des temps de réflexion si nécessaire, avancez comme votre instinct vous le dicte. Ecoutez-vous, personne ne le fera aussi bien que vous. Faites-vous confiance. Vous êtes la seule à savoir ce que vous vivez dans votre corps, comment vous ressentez les douleurs, comment vous souhaitez prendre les choses en main, ce dont vous vous sentez capables, ce que vous ne souhaitez surtout pas, ce que vos envies et vos projets vous dictent.

Sources : 

Zigler RE, McNicholas C. Unscheduled vaginal bleeding with progestin-only contraceptive use. American Journal of Obstetrics and Gynecology 2017;216(5):443–50.

Chapron C, Souza C, Borghese B, Lafay-Pillet M-C, Santulli P, Bijaoui G, et al. Oral contraceptives and endometriosis: the past use of oral contraceptives for treating severe primary dysmenorrhea is associated with endometriosis, especially deep infiltrating endometriosis. Hum Reprod 2011;26(8):2028–35